En décembre dernier, un tribunal d’arbitrage a blâmé l’Université du Québec en Outaouais (UQO) pour sa gestion du printemps érable. L’arbitre Francine Lamy ordonnait alors à l’université à verser 26 000 $ à deux de ses professeurs. Si cette décision est bien accueillie par le Syndicat des professeures et professeurs de l’UQO (SPUQO), le lien de confiance avec l’administration doit encore être rétabli.

Printemps 2012. Au cœur de la crise étudiante, la Cour supérieure émet une injonction ordonnant à l’UQO de dispenser tous les cours. L’université a alors eu recours aux services d’une compa­gnie privée de gardiens de sécurité et à la police de Gatineau. Pour la communauté universi­taire, il s’agit une sorte d’occupation policière, à travers laquelle de nombreux professeurs subissent des menaces et de l’intimidation. Un professeur qui appuie le mouvement étudiant est même arrêté sur le site de l’université. Plusieurs mois plus tard, le tribunal d’arbitrage juge que cette arrestation est « arbitraire », dans un contexte où les forces policières ont fait usage « d’une force excessive lors de son interception ».

Après l’arrestation, le recteur a condamné le professeur Martin dans les médias alors qu’il était injustement arrêté, sans même avoir pris le soin de s’enquérir des circonstances entourant son arrestation, regrette la juge. La direction a également appuyé sans réserve l’intervention policière dans l’enceinte de l’université, ce qui constitue une forme de négligence selon l’arbitre, qui se dit troublée par « l’inaction de l’UQO », qui n’a pas pris les mesures appropriées pour assurer la protection des professeurs dans l’exécution de la demande d’assistance policière. Elle somme donc l’ins­titution à verser 25 000 $ au professeur pour compenser les préjudices causés pour atteinte à sa réputation à l’endroit d’un professeur « de renommée internationale dans son champ d’expertise. » Le tribunal a également ordonné à l’UQO de verser une indemnité de 1 000 $ à une professeure ayant souffert de plusieurs maux (stress, peur, angoisse, etc.), à la suite des interventions policières.

Un lien de confiance à rebâtir

Même si le syndicat se dit satisfait de la déci­sion de l’arbitre, les événements du printemps 2012 ont tout de même laissé des traces au sein du corps professoral. Malgré la venue d’un nouveau recteur depuis un an, le climat de confiance ne s’est pas rétabli. « Au cours des dernières semaines, une professeure et un professeur qui ont accordé des entrevues à la suite de la diffusion de la sentence Lamy ont même été appelés par la direction à venir expli­quer leurs points de vue sur ce qui me semble être des déclarations fautives et préjudiciables envers l’UQO », rappelle Louise Briand, prési­dente du SPUQO. Le nouveau recteur a plutôt poursuivi dans la même veine en convoquant un professeur ayant fait la description de l’ar­restation de Thibault Martin à la télévision. « Il n’y a pas eu de mesures disciplinaires, mais le seul fait de convoquer un prof pour un tel motif, c’est grave. Cela fait partie d’une tendance qui se généralise dans beaucoup d’universités et qui vise à faire taire les professeurs », estime la présidente du SPUQO. Selon elle, la meil­leure façon de rebâtir le lien de confiance avec l’administration est de constituer un comité paritaire (direction, syndicats et associations étudiantes), afin d’identifier des mesures pour prévenir les atteintes aux droits à la santé, sécu­rité et dignité de la communauté universitaire lorsque d’autres évènements du même type sur­viendront. Une suggestion que l’administration tarde toujours à accepter complètement…

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