Difficile de nier que la famille est la cellule de base de la société. Qu’elle soit biparentale, monoparentale, homoparentale, recomposée ou autre, la famille occupe une place centrale dans nos vies. À différentes périodes de notre existence, nos enfants, nos parents, notre conjoint ou nos proches auront besoin de nous. Comment, devant ces besoins impossibles à ignorer, concilier travail et famille ?
La Fédération des professionnèles a depuis longtemps à coeur la question de la conciliation famille-travail (CFT). À son congrès de 2012, elle adoptait des résolutions invitant les syndicats à se nommer une personne responsable à la CFT et les encourageant à négocier auprès de leurs employeurs des mesures concrètes à ce sujet. La fédération proposait aussi de mettre à la disposition de ses membres une communauté de pratique CFT, par le biais de son site web. C’est donc pour répondre à ces objectifs bien concrets que la démarche Place aux familles ! est née. Nancy Corriveau, présidente du STEPSQ-FP-CSN et responsable du dossier politique de la CFT, appuyée par Ginette Langlois, vice-présidente de la FP, pilote le projet.
Place aux familles ! se décline en trois étapes, présentées sous forme de boîtes à outils.
Voici un court survol des enlignements proposés par cette démarche.
Boîte à outils no 1 : Consultation
Lancée il y a plus d’un an, la première boîte à outils avait pour but de susciter la réflexion.
Dès le départ, il était important pour la FP d’éviter le piège de n’aborder le thème que sous l’angle féminin, ce qui se fait souvent. Puisque de plus en plus de pères se sentent concernés par la question, il fallait innover pour assurer leur implication. Les syndicats ont donc été invités à échanger sur les thèmes des valeurs sociales, des valeurs collectives et individuelles, de la solidarité entre générations, etc. Une approche qui se voulait rassembleuse et qui conciliait les différents intérêts.
Boîte à outils no 2 : Mise en place
La deuxième boîte à outils, lancée cet hiver, consiste à amorcer la mise en place de mesures de CFT. Une fois les débats faits, il est mainte nant temps d’identifier les besoins et de négocier des mesures concrètes pour faciliter la CFT.
Se nommer une personne responsable à la CFT est la première chose à faire. Un processus sans responsable, à moyen ou à long terme, va perdre de sa visibilité et risque d’être mis de côté. Cette étape est cruciale, car elle permet aussi de confirmer l’importance accordée à la question, d’autant plus que l’expérience démontre que les syndicats possédant un bon taux de réussite sont ceux qui se nomment un ou une responsable. Cette personne sera celle qui organisera la consultation des membres afin d’avoir un portrait de la situation et des besoins en lien avec la CFT.
Une fois les besoins identifiés, place à la négociation. Idéalement, cette négociation se fera dans le cadre d’un comité paritaire spécifique à la CFT. La mise en place d’un tel comité est la meilleure façon de garantir un processus paritaire qui sera en cohérence avec les enjeux spécifiques des membres et du milieu de travail. De plus, sa mise en place témoigne de l’engagement réel des parties, ce qui n’est pas négligeable. Afin de bien mener la négociation, Place aux familles ! identifie quatre conditions essentielles à réunir : une culture organisationnelle ouverte à la famille, l’évitement des mesures informelles, une diffusion efficace de l’information et l’élaboration d’une politique de CFT.
Tout d’abord, il est nécessaire de développer une culture organisationnelle ouverte à la famille et de créer le réflexe de la conciliation famille-travail. Cette ouverture doit se traduire dans les normes, les valeurs et les pratiques de gestion. Les mentalités doivent s’adapter, tant du côté patronal que syndical.
Deuxièmement, il faut aussi éviter les mesures informelles du type « … c’est déjà permis, ça se fait déjà, pas besoin de l’écrire… ça compliquerait les choses ». Plusieurs milieux de travail proposent des mesures de CFT qui trop souvent ne sont pas énoncées officiellement et ne sont pas conventionnées. Bien qu’il puisse paraître efficace, ce mode de fonctionnement engendre souvent des sentiments d’injustice, du favoritisme et de la subjectivité lors de la prise de décision.
Troisièmement, diffuser ce qui se fait en matière de conciliation famille-travail est très important. Faire connaître à l’ensemble des travailleurs et des travailleuses, aux équipes et aux gestionnaires, les mesures déjà existantes, celles mises en place dernièrement et celles que l’on souhaite implanter est essentiel.
Finalement, l’élaboration d’une politique de CFT peut être intéressante pour favoriser l’application des mesures en la matière. Ainsi, travailleurs, travailleuses et gestionnaires sont au fait de son contenu, et hésitent davantage à y déroger. Une telle politique doit correspondre aux valeurs et aux besoins des personnes salariées, tout en tenant compte des contraintes organisationnelles.
Boîte à outils no 3 : Évaluation
Pour ce qui est de la prochaine boîte à outils, la dernière, elle sera disponible sous peu. Elle invitera les syndicats ayant participé à faire un bilan et à évaluer la démarche ainsi que les outils proposés par la FP.
Place aux familles! a été officiellement lancé il y a plus d’un an. Toutefois, il n’est jamais trop tard pour se l’approprier. Si relever le défi de la CFT vous intéresse, n’hésitez pas à communiquer avec la Fédération des professionnèles pour entamer la démarche. Il est primordial toutefois de rappeler que bien qu’il s’agisse d’un projet dit « clés en main », la réalisation d’une véritable conciliation famille-travail ne sera possible que par l’action syndicale et la mobilisation des syndicats autour des valeurs et de la solidarité qui leur sont chères.
Bonne conciliation famille-travail !
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