Les membres de la CSN ont exigé un moratoire sur ce projet controversé en raison des pertes d’emploi et des pertes d’expertise pour la région, ce qui à terme, risque de nuire à l’accès aux services de santé au Bas-Saint-Laurent.

Le projet Optilab prévoit que d’ici environ deux ans, 70 % des analyses médicales des échantillons et des prélèvements seront effectués à l’hôpital de Rimouski, étant donc transportés d’un hôpital à l’autre. Pourtant, la CSN, la seule organisation qui dispose formellement d’un forum pour faire valoir ses préoccupations au sujet d’Optilab, regrette que ses recommandations n’aient toujours pas été entendues par le ministre Barrette.

Or, la date d’implantation prévue du projet, le 1er avril, arrive à grands pas et de nombreuses questions subsistent au sujet de la sécurité des analyses et de l’efficacité des suivis. La CSN exige donc un moratoire, le temps que les discussions au sein du comité national paritaire, prévu à la convention collective CSN, se poursuivent afin d’évaluer tous les impacts et de trouver des solutions.

« Il y a de nombreuses incertitudes qui subsistent, notamment en matière de retards ou de pertes d’échantillons qui pourraient se produire, puisque les risques vont augmenter avec la multiplication des transports d’échantillons, a expliqué la présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent – CSN du Bas-St-Laurent, Nancy Legendre, lors de la manifestation. Rappelons-nous qu’en décembre dernier, un colis avec des biopsies prélevées à La Pocatière et qui devait être acheminé le lendemain à Rivière-du-Loup est arrivé une semaine plus tard à destination. C’est le genre de risques qui ne peut qu’augmenter avec ce projet, compte tenu du volume d’échantillons qui seront dorénavant transportés ». Au cours des derniers mois, de nombreux échantillons de prélèvements ont été perdus dans la province par un transporteur privé, ce qui est inquiétant pour la suite des choses. Dans la région, les vents et les conditions météorologiques particulières entraînent souvent la fermeture de routes et compromettent la sécurité du transport des échantillons.

De lourdes pertes pour le Bas-Saint-Laurent

Kate Vézina, technologiste médicale et présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la santé du Kamouraska – CSN souligne de son côté les nombreuses pertes d’emploi dans la région liées au projet Optilab, puisque la CSN entrevoit une diminution de 20 % des heures travaillées sur cinq ans. « La perte des laboratoires médicaux des différents hôpitaux et des emplois qui s’y rattachent est une catastrophe économique et humaine pour le Bas-Saint-Laurent, rappelle Kate Vézina. Nous serons durement touchés par la perte de bons emplois qualifiés et bien rémunérés. Ce projet constitue un drame humain pour les personnes qui seront touchées. Nous continuerons de nous battre contre ce projet tant que le gouvernement ne reculera pas! »

La CSN a une voix au chapitre

Depuis novembre dernier, un comité composé de technologistes médicales membres de la CSN a rencontré des représentants patronaux des établissements. Ce comité de travail, prévu aux conventions collectives de la CSN, doit permettre de formuler des recommandations au ministère sur Optilab. Mélissa Gaouette, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), reproche au ministère de la Santé d’aller de l’avant sans que ce comité de travail n’ait terminé ses travaux et formulé des recommandations. « Les transferts de personnel sont prévus pour avril et le gouvernement se montre toujours incapable de répondre à des questions pressantes, ce qui jette un doute sur la viabilité d’Optilab. Nous avons un comité de travail dont font partie nos membres, celles et ceux qui ont l’expertise et qui travaillent au quotidien dans les laboratoires médicaux. Il est temps de prendre en considération leur point de vue, car pour le moment, ils n’ont pas le sentiment d’être entendus par le ministre Barrette», se désole-t-elle.

« Nous allons continuer toutes nos interventions au niveau national et partout dans la région, rappelle la présidente de la fédération des Professionnèles de la CSN (FP-CSN), Ginette Langlois. En raison de son expertise, la CSN est la seule organisation capable de freiner ce projet insensé. Il faut continuer la mobilisation pour faire entendre raison à ce gouvernement. Grâce à votre appui et votre détermination, nous pouvons renverser la vapeur! Nous comptons sur la population du Bas-Saint-Laurent pour nous appuyer! » Au total, la CSN compte plus de 120 000 membres dans le réseau de la santé et des services sociaux, soit près de la moitié du personnel. C’est pourquoi la CSN est un acteur incontournable du réseau.

La CSN a également interpelé plusieurs élus régionaux sur la question d’Optilab et certains étaient présents à la manifestation pour appuyer les membres de la CSN dans leur lutte contre ce projet.

Une longue campagne contre le projet

La demande de moratoire sur le déploiement d’Optilab s’inscrit au cœur du plan d’action de la CSN dans le cadre de la campagne « Ma place en santé, j’y tiens », qui dure depuis plusieurs mois. Plus d’information au : maplaceensante.com.

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