En cette journée internationale des sages-femmes, la Coalition pour la pratique sage-femme déplore le manque de leadership politique et de cohérence du gouvernement dans l’implantation de ces services au Québec. Bien que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) avait comme objectif de confier aux sages-femmes 10 % des suivis de grossesse d’ici 2018, à ce jour, seulement 4,2 % des familles y ont réellement accès.

Les sages-femmes sont les premières à subir les conséquences désastreuses de ce manque de vision des décideur-es. La planification déficiente et le manque de promotion de la profession de la part du gouvernement a entraîné une importante pénurie de sages-femmes et une méconnaissance de ces professionnelles autonomes autant dans le réseau de la santé que dans la population en général. Cette pénurie s’aggrave à chaque année et la pandémie ne fait qu’accentuer le fossé. Les femmes et les personnes enceintes vivent directement les contrecoups de ce manque d’engagement politique du gouvernement : listes d’attentes qui s’allongent, découverture de services, absence de choix réels pour le lieu d’accouchement, pour n’en nommer que quelques-uns.

De plus, tout comme les autres professions des métiers des soins et à prédominance féminine, le modèle de pratique des sages-femmes, basé sur la continuité relationnelle, la confiance dans l’autonomie et le respect du processus physiologique de la grossesse et l’accouchement, n’est pas reconnu et valorisé. Cette discrimination est à la source de conditions de travail indécentes. De plus, cette situation engendre une pression et un essoufflement au sein de la profession et impacte directement les femmes et les personnes qui accouchent dans leurs droits fondamentaux.

Depuis la légalisation de la profession en 1999, la Coalition pour la pratique sage-femme demande une réelle concertation nationale impliquant les groupes et instances directement concernées, incluant les groupes citoyens, mais le MSSS se contente d’un comité consultatif sans mandat approprié. «  Alors que la pandémie exacerbe les problématiques du réseau de la santé comme jamais auparavant, le ministère ne cesse de retarder la mise en place d’un comité de travail afin de trouver des solutions le plus rapidement possible », explique Sophie Mederi qui coordonne la coalition. Le gouvernement n’a plus le luxe de se désengager face à ses responsabilités pour la reconnaissance de la pratique sage-femme et de repousser le travail qu’il reste à faire afin qu’au Québec, chaque famille ait un accès universel à des soins de qualité en santé sexuelle et reproductive.

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