Malgré d’intenses travaux ces derniers jours à la table de négociation, les avocates et avocats de l’aide juridique n’ont pu obtenir du gouvernement les paramètres qui leur permettraient de conserver leur parité salariale avec les procureur-es de la Couronne. Sans convention collective depuis plus de trois ans, ils ont mis leur mandat de grève à exécution, ce matin, dressant des lignes de piquetage devant les palais de justice de Montréal, de Longueuil, de Saint-Jérôme, de Rimouski et de New Carlisle.
L’ensemble des services offerts par les centres d’aide juridique de Montréal, de Laval, de la Montérégie, des Laurentides, de Lanaudière, du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie seront interrompus jusqu’au 14 avril inclusivement, à moins d’une entente entre les parties. Des avis ont été acheminés à la magistrature de ces régions, la semaine dernière, pour la prévenir de l’imminence d’un conflit de travail si Québec s’entêtait dans son refus de s’entendre.
« Devant l’obstination du gouvernement actuel de mettre fin à 35 ans de parité salariale, nous allons assurément exercer notre droit de grève afin de préserver ce principe de justice si simple : l’équité entre la poursuite et la défense, et ce, pour l’ensemble des citoyennes et des citoyens qui doivent affronter le système de justice », de déclarer la présidente du Syndicat des avocates et avocats de Montréal et Laval–CSN, Me Justine Lambert-Boulianne.
De nombreux services juridiques perturbés
Au cours des prochains jours, les services de garde téléphoniques et de visio-comparution seront interrompus pour l’ensemble des régions du Québec, ceux-ci étant normalement assurés, durant le congé pascal, par les avocates et les avocats du Centre communautaire juridique de Montréal.
De nombreux programmes ministériels, chers au titulaire de la Justice, Simon Jolin-Barrette, seront mis à l’arrêt lors de ce conflit de travail. C’est le cas du programme Rebâtir, ligne de conseil juridique pour les victimes de violence conjugale, ainsi que du traitement prioritaire des dossiers qui en résultent.
D’importantes perturbations sont également à prévoir au Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale, au Programme d’accompagnement justice et santé mentale, au Programme de mesures de rechange pour les adultes en milieu autochtone et pour le suivi des recommandations de la Commission Laurent, qui prévoient notamment la représentation systématique de tous les enfants sous l’égide de la Direction de la protection de la jeunesse. À l’aube du 1er juillet, un grand nombre de citoyens et de citoyennes ne pourront bénéficier des services de l’aide juridique pour contester avis d’éviction et autres hausses abusives.
« Le gouvernement connaît très bien notre position : nous plaidons les mêmes dossiers, devant les mêmes juges, dans les mêmes tribunaux que la poursuite. Nous méritons le même traitement », soutient la présidente du Syndicat des avocats et avocates du centre communautaire juridique Rive-Sud, Me Élisabeth Maillet.
Constamment confronté aux problèmes de recrutement en région éloignée, Me Hugo Caissy, président du syndicat CSN du Bas-St-Laurent et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, se désole de voir le gouvernement chercher ainsi à aggraver la situation.
« Alors qu’on peine à trouver des avocats pour pourvoir les postes vacants, le gouvernement voudrait instaurer une iniquité entre le DPCP et l’aide juridique. Notre mission première est pourtant bien, justement, d’assurer à toutes et à tous, y compris aux citoyennes et aux citoyens plus vulnérables, l’accès à des services juridiques de qualité, partout au Québec. »
La présidente du Syndicat des avocats et avocates des Laurentides et de Lanaudière–CSN, Me Sandrine Malo, rappelle que ses membres ont été plus que patients.
« Ça fait maintenant trois ans que nous sommes sans convention collective. Il est temps que le gouvernement cesse d’attaquer ainsi le réseau de l’aide juridique », indique-t-elle.
Au cours des dernières semaines, deux nouveaux syndicats ont adhéré à la CSN, soit ceux des avocates et des avocats de l’aide juridique de la Mauricie–Centre-du-Québec et du Saguenay–Lac-Sain-Jean. En fonction des prescriptions du Code du travail, ces deux syndicats de la Mauricie–Centre-du-Québec et du Saguenay–Lac-Sain-Jean doivent respecter une période de 90 jours avant d’obtenir leur droit de grève.
Les syndicats de l’aide juridique affiliés à la CSN représentent 250 avocates et avocats de Montréal, de Laval, des Laurentides, de Lanaudière, de la Mauricie–Centre-du-Québec, du Saguenay–Lac-Sain-Jean, du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. Ils sont affiliés à la Fédération des professionnèles–CSN. Pour sa part, le Syndicat des avocats et avocates du centre communautaire juridique de la Rive-Sud représente 65 membres. Fondée en 1921, la CSN regroupe quelque 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada.
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