Sandrine Thériault est responsable du dossier politique de la planification de la main-d'oeuvre.

Sandrine Thériault est responsable du dossier politique de la planification de la main-d’oeuvre.

L’environnement des travailleurs des secteurs public et parapublic subit des réformes sans précédent. Avec un gouvernement guidé par une vision d’austérité et de désengagement envers les services publics, les emplois ne sont pas sécurisés. En 2014, le gouvernement a notamment adopté une loi visant à réduire de 2 % le niveau des effectifs dans la fonction publique. Jumelées aux modifications apportées au RREGOP, qui a fait partir 10 000 salariés de plus que prévu à la retraite, ces mesures auront un impact majeur sur la main-d’œuvre en place, sur sa rétention et sur l’attraction de nouveaux personnels.

Ces évènements surviennent alors que nous constatons une pénurie de main-d’œuvre pour bon nombre de titres d’emploi du secteur public, et ce, dans plusieurs secteurs d’activité de la FP-CSN. Les effets négatifs de cette pénurie se font sentir depuis plusieurs années sur le personnel et sur la population. Un taux de roulement élevé occasionne notamment une perte d’expertise, une augmentation des coûts de formation, une déstabilisation et une surcharge des équipes de travail. Il ne reste qu’un pas à franchir pour que tout bascule, entre autres, vers des problèmes de santé au travail ou de présentéisme.

Lors d’un sondage mené en 2016 auprès de nos membres du réseau de la santé et des services sociaux, plus de 49 % ont mentionné souhaiter modifier leur semaine de travail d’ici 5 ans (hausse de 9 % sur un an seulement), dont 25,8 % veulent réduire les heures de travail, 7,7 % s’absenter pour plus de 3 mois et 9,6 % veulent quitter le réseau. Près de 60 % affirment ressentir constamment ou fréquemment une surcharge de travail. Plus de 53,9 % disent avoir été contraints à se présenter au travail malgré des symptômes… dont la moitié pour plus de 9 jours par année.

Ces données illustrent l’importance de la planification de la main d’œuvre (PMO) pour la FP, dossier politique qui a été reconduit lors du 39e Congrès.

Des travaux en PMO pour le secteur de la santé et des services sociaux

La FP a créé un réseau de répondants pour certains titres d’emploi en pénurie dans le réseau de la santé et des services sociaux, ce qui fut le point de départ à l’identification des enjeux relatifs à la gestion prévisionnelle de la main-d’œuvre et des besoins de représentation.

Des rencontres ont eu lieu avec le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour la table des diplômés universitaires en travail social. Une collaboration s’est établie entre les répondants des différents titres d’emploi – physiothérapeute, ergothérapeute, technologiste médicale, psychologue, orthophoniste et audiologiste – afin de préparer les travaux pour la mise en place d’un comité national de main-d’œuvre. Toutefois, l’appel pour mettre en place les différents comités n’est jamais venu de la part du MSSS. Malgré cela, les travaux réalisés par les répondants des différents titres d’emploi de la FP-CSN ont permis de mieux comprendre les enjeux de main-d’œuvre, notamment pour la négociation sectorielle.

En prévision de la mise en place des comités nationaux pour les titres d’emploi en pénurie, les répondants ont administré des sondages en ligne auprès des membres pour leur titre d’emploi respectif avec la collaboration des syndicats affiliés à la FP. Les résultats de ces sondages ont servi de trame de fond au comité sectoriel de négociation pour élaborer une vaste consultation en préparation des demandes pour la convention collective du secteur de la santé et des services sociaux. Le cahier de demandes, déposé en novembre 2014 au Comité patronal de négociation de la santé et des services sociaux (CPNSSS), fait état des préoccupations sur les enjeux de main-d’œuvre et identifie des solutions pour contrer les effets de cette pénurie.