LE NOM DE LA FP EN BREF
Fruit d’une collaboration avec une linguiste dans le but de féminiser son appellation, la fédération a changé son nom en 1998 pour la Fédération des professionnèles, un mot épicène (dont la forme ne varie pas selon le genre) construit sur le modèle « d’un ou d’une fidèle ».
Évolution du nom au fil des ans
Depuis sa fondation, notre fédération a changé plusieurs fois de nom pour que celui-ci soit représentatif du travail de nos membres.
Fondée le 14 novembre 1964, la Fédération des ingénieurs du Québec (FIQ) regroupe 3 syndicats d’ingénieurs.
En 1966, elle devient la Fédération des ingénieurs et cadres du Québec (FICQ). La FICQ commence à se développer dans la fonction publique avec son Syndicat interprofessionnel de la fonction publique. En 1967, un groupe de travailleurs sociaux de l’hôpital Sainte-Justine s’affilie à la FICQ et forme le Syndicat des travailleurs sociaux de la province de Québec.
À son congrès de 1973, elle devient la Fédération des professionnels salariés et cadres du Québec (FPSCQ). Selon le numéro d’octobre 1973 du journal Cadres, c’est « dans le but d’élargir son champ d’action et d’être plus représentative de ses membres ».
Composée majoritairement de femmes, la fédération a féminisé son nom au début des années 1980 pour devenir la Fédération des professionnelles et professionnels salarié-e-s et cadres du Québec (FPPSCQ).
Ce nom, trop long, devait à nouveau être modifié pour tenir compte de l’arrivée, à la fin des années 1980, de syndicats de professionnèles autonomes. Plusieurs suggestions furent faites, mais elles avaient toutes « le défaut de présenter nos membres en qualifiant leur travail plutôt qu’en les nommant comme, par exemple, le Collège des médecins et l’Association des psychologues », écrivait Michel Tremblay, président de la FP, dans un article du ProActif paru à l’hiver 1999.
La fédération a finalement décidé d’emprunter la voie de l’innovation. Après une démarche documentée et démocratique, elle optait en novembre 1998 pour la Fédération des professionnèles, un mot épicène (dont la forme ne varie pas selon le genre) construit sur le modèle d’un ou d’une fidèle.
Comme l’écrivait en mars 1998 Céline Labrosse, la linguiste qui a accompagné la fédération dans sa démarche pour choisir un nouveau nom : « Cette proposition s’inscrit dans le sens de l’évolution du français. Beaucoup de mots, qui s’orthographiaient avec une consonne double, prennent maintenant l’accent grave sur le e et une consonne simple ». Pour illustrer son propos, elle invoquait les formes anciennes des mots planette, comette, complette, modelle qui devinrent planète, comète, complète, modèle.
« Certes, il nous a fallu de l’audace pour décider de suivre ce chemin et opter pour la Fédération des professionnèles. Cette appellation a le mérite d’éviter la répétition à l’oral de deux mots identiques (les professionnels et les professionnelles). Ce néologisme ne comporte aucune marque de genre, tout comme une foule d’autres mots tels qu’urbaniste, collègue, stagiaire et poète », écrivait Michel Tremblay dans le ProActif en 1999. À son congrès de 2006, la FP a modifié le texte juridictionnel de ses statuts et règlements afin qu’il couvre ses syndicats de la catégorie 4 de la santé et des services sociaux et réponde aux changements apportés par la loi 30. La question s’est alors posée si nous devions ajouter un « T » pour la représentation des techniciennes et techniciens nouvellement arrivés, comme l’ont fait certains syndicats, tel le SPASSSQ devenu le STEPSQ.
Depuis plus de vingt ans, ce geste audacieux nous démarque. Il n’a laissé personne indifférent, certains saluant son originalité, d’autres critiquant notre supposé manque de respect pour la langue française ou allant jusqu’à le ridiculiser. Récemment encore, dans la foulée du débat sur le français neutre ou non binaire, le nom de notre fédération était cité en exemple à suivre : « Si la Fédération des professionnèles (CSN) peut rendre son titre neutre, vous le pouvez aussi ! », écrivait Florence Ashley, candidate à la maîtrise en droit et bioéthique à l’Université McGill dans La Presse +. Comme on dit : « Parlez-en en mal ou en bien, mais parlez-en ! ».