Lettre de la Table des partenaires universitaires (TPU) envoyée à la ministre de l’Enseignement supérieur le 14 janvier 2022.
Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur,
Sylvain Périgny, sous-ministre par intérim au ministère de l’Enseignement supérieur,
Les membres de la Table des partenaires universitaires (TPU) ont apprécié la tenue de la rencontre à laquelle vous nous avez conviés le mercredi 12 janvier et vous en remercient. Nous regrettons cependant que cette rencontre touchant les conditions de la rentrée universitaire de l’hiver 2022 soit arrivée aussi tardivement par rapport au calendrier de la session et que nous n’ayons pas été consultés en amont. La TPU est constituée de la grande majorité des associations étudiantes et des actrices et acteurs syndicaux du milieu universitaire représentant la presque totalité des personnels enseignant, de soutien, technique et professionnel. Nous désirons aussi vous rappeler qu’il serait essentiel que ces rencontres soient plus fréquentes étant donné leur importance dans la planification du travail de nos membres et, surtout, pour assurer leur santé et leur sécurité.
Éviter de devenir source d’éclosions
Comme vous, nous reconnaissons que l’enseignement en présentiel est de loin préférable à l’enseignement à distance, tant pour la majorité des personnes étudiantes que pour les personnes du corps enseignant. La situation actuelle nous oblige cependant à faire preuve d’une extrême prudence. Les principales préoccupations doivent être la santé et la sécurité de toutes et tous les membres de la communauté universitaire. De plus, nous ne voulons pas que le milieu universitaire devienne source d’éclosions, prolongeant ainsi la cinquième vague et risquant de détériorer davantage la situation déjà catastrophique dans le réseau de la santé. Durant votre introduction, madame la ministre, rappelons que vous avez martelé que nos milieux devaient être sécuritaires. En ce sens, nous devons prendre le temps de réunir toutes les conditions pour nous en assurer.
Par ailleurs, il importe de considérer que les présentes conditions liées au variant Omicron ne sont pas comparables à celles de l’automne 2021 dont vous avez fait mention durant votre allocution, et que les décisions prises doivent en tenir compte. Nous constatons qu’aucune mesure de protection additionnelle (tests rapides, masques N95, etc.) n’est en place actuellement. Nous pensons qu’une rentrée en présentiel, sans qu’une majorité de personnes enseignantes, étudiantes et des personnels ait reçu la troisième dose du vaccin, constitue un risque élevé pour la santé et la sécurité des membres de nos communautés universitaires. Un retour en présentiel devrait se faire uniquement en s’assurant que les conditions sécuritaires soient réunies et soient accompagnées d’un renforcement des autres mesures de protection.
Prévisibilité et consignes claires
Déjà, plusieurs directions d’établissements ont repoussé la date de retour en présentiel entre le 17 et le 31 janvier, mais n’osent pas s’aventurer au-delà, faute de directives claires. À la TPU, il y a consensus à savoir qu’un délai d’une semaine de préavis est largement insuffisant pour un retour en présentiel dans des conditions acceptables. Mieux vaut jouer de prudence que d’audace.
Actuellement, le manque de prévisibilité et de consignes claires ainsi que l’incertitude engendrent un chaos générateur de stress et de fatigue additionnelle pour tout le monde. Les personnes étudiantes ont besoin de prévoir et anticiper le déroulement de leur session sans risquer de basculer à nouveau en mode virtuel si un retour trop précoce sur les campus devait générer de nombreuses éclosions. Ceci serait le pire scénario, convenons-en, et le taux d’abandon risquerait fortement d’augmenter. De même, les personnes enseignantes ont besoin de prévisibilité pour la préparation de leurs cours, autrement, le va-et-vient entre le présentiel et le virtuel génère une importante surcharge de travail qui contribue à l’épuisement professionnel. Les personnels de soutien, technique et professionnel sont impliqués à différents niveaux pour assurer la réussite des sessions universitaires et les situations « yoyo » affectent aussi leur travail. Outre la santé physique, la santé psychologique de toutes et tous demeure un enjeu criant en ce début d’année.
En ces temps difficiles, les mots clés demeurent santé, prudence et prévisibilité. C’est ainsi que les personnes étudiantes et les personnels enseignant, de soutien, technique et professionnel de nos universités pourront cheminer ensemble vers une session d’hiver réussie.
Veuillez recevoir, madame la ministre, monsieur le sous-ministre, nos salutations distinguées.
Signataires, membres de la Table des partenaires universitaires (TPU) :
- Vincent Beaucher, Président, Fédération de la recherche et de l’enseignement universitaire du Québec — CSQ
- Renaud Béland, Membre du comité de coordination, Fédération universitaire des syndicats étudiants
- Hadrien Chénier-Marais, Président, Fédération des associations étudiantes universitaires québécoises en éducation permanente
- Valérie Fontaine, Présidente, Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur — CSQ
- Claude Fortin, Présidente, Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche
- Catherine Lanaris, Vice-présidente secteur universitaire, Fédération des professionnèles — CSN
- Carole Neill, Présidente, Conseil provincial du secteur universitaire, Syndicat canadien de la fonction publique — FTQ
- Jonathan Desroches, Président par intérim, Union étudiante du Québec
- Sébastien Paquette, Coordonnateur, Conseil québécois des syndicats universitaires — AFPC
- Jean Portugais, Président, Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université
- Caroline Quesnel, Présidente, Fédération nationale des enseignantes et des enseignantes du Québec — CSN
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